La vision du “Parti ISLAH” concernant les questions nationales /Le phénomène de l’esclavage et ses effets

 

Le phénomène de l’esclavage a accompagné l’histoire de la société mauritanienne depuis des époques très anciennes, comme d’autres sociétés basées sur des hiérarchies sociales ou des stratifications de classes.
Dans différents contextes, après l’émergence de l’État national, la société a connu des préoccupations et des appels à réduire l’esclavage, dont les plus modestes étaient des insinuations officielles timides qui n’osaient pas affronter les puissances traditionnelles bénéficiant de la préservation du système féodal.

Peu à peu, le résultat des appels contre l’esclavage et l’attitude positive des autorités a conduit à criminaliser ce phénomène comme une pratique traditionnelle, conformément à une loi dissuasive tant sur le plan des sanctions pénales que sur le plan procédural, avec l’introduction de la non-prescription et la création de tribunaux spécialisés.
Cependant, l’esclavage en tant que vestige et séquelle nécessite des efforts allant au-delà des simples criminalisations et sanctions. Il faut des solutions radicales en adoptant des politiques et des programmes que l’État devrait soutenir avec les ressources nécessaires pour éradiquer les inégalités sociales, économiques et d’estime entre les groupes, au bénéfice de ceux qui en ont été victimes, afin d’assurer leur intégration sociale et éliminer les effets de la vie esclavagiste.

De ce point de vue, le Parti ISLAH estime que l’éradication de ce phénomène nécessite, pour être efficace, les étapes suivantes :

  1. Améliorer le niveau éducatif des victimes des séquelles de l’esclavageen rendant l’éducation obligatoire dans les écoles publiques de six ans à 18 ans, facilitant ainsi la convergence des niveaux éducatifs et culturels pour aboutir à une harmonie sociale et économique. Cela inclut des mesures discriminatoires positives en faveur des enfants de ces groupes, comme l’octroi de bourses scolaires pour les enfants des familles d’Adwabe et des bourses universitaires pour ceux qui rejoignent l’université, afin de les encourager à poursuivre leurs études.
  2. Lutter contre les stéréotypes sociauxqui entravent l’intégration sociale entre les composantes de la nation et éradiquer les effets psychologiques et moraux laissés par les séquelles de l’esclavage.
  3. Encourager les mariages entre les différentes composantes nationaleset permettre à l’État de prendre en charge les efforts matériels de ces unions mixtes.
  4. Étendre le champ des discriminations positives dans l’emploi, à condition de préserver la compétence, pour développer une classe moyenne au sein de ce groupe.
  5. Créer une classe d’entrepreneurs au sein de ce groupe en leur octroyant des permis d’exclusivité et des préférences que l’État attribue, comme des permis immobiliers, bancaires, de pêche, des exonérations fiscales et des contrats.

Ainsi, les exigences de la justice sociale, de notre point de vue au Parti ISLAH, imposent une intervention constante de l’État dans la gestion économique, en plus de son devoir de contrer les dérives du libéralisme qui ne vise qu’à augmenter la production et stimuler la compétitivité.
Notre appel à l’élargissement de l’intervention de l’État dans les domaines économiques et sociaux vise à promouvoir la justice sociale, qui permet à chaque individu de bénéficier de manière équitable des avantages nationaux.

Quant au secteur privé, national et étranger, auquel l’ouverture à l’investissement mondialisé est nécessaire pour bénéficier de l’expertise et des financements, nous appelons à une surveillance stricte de la mise en œuvre des aspects sociaux des projets financés ou réalisés au niveau national ou international.

  1. Libérer le domaine technocratique du risque d’emploi politique, car la crise de gestion découle en grande partie de l’influence des régimes précédents, qui se sont soumis aux contraintes et aux équilibres tribaux, régionaux et ethniques, aboutissant à un mélange entre emploi politique libre et emploi technique, ce dernier étant, par nature, contraint par la compétence et l’expertise.